De tout petits pas...
Cela va dans le bons sens, bien entendu, mais nous ne sommes pas
au bout de nos peines !
Tous ceux qui ont mis en doute l'opportunité des mesures
mises en place pour rassurer les consommateurs sur l'innocuité
de la viande de boeuf qu'ils étaient susceptibles de mettre
dans leur assiette ne peuvent que se réjouir de la position
de l'AFSSA sur le ris de veau et la levée de l'embargo sur
l'importation de viande en provenance de Grande-Bretagne. Tous ceux
qui mettent en doute la réalité du risque de contamination
en matière de variant de la Maladie de Creutzfeldt-Jacob
chez l'homme, suite à la consommation de viande bovine, ne
peuvent qu'approuver l'évolution de l'opinion des experts
de l'AFSSA en matière d'abattage total et systématique
des troupeaux dont un des membres s'est révélé
positif aux tests de dépistage de l'ESB.
Toutes les personnes de bonne foi relèveront que c'est sous
la poussée de la perception des consommateurs à propos
des scènes télévisées "d'enlèvement"
des petits veaux sur les exploitations "contaminées",
au petit jour et sous la protection d'autorités administratives
chargées du sale boulot, et aussi de leur compassion vis
à vis de la détresse des éleveurs dont l'exploitation
était involontairement désertée par ses occupants.
Tous les observateurs impartiaux rerconnaîtront qu'il aura
fallu de longs mois pour que la France s'alignât enfin sur
la position des autres partenaires européens de la Grande-Bretagne
en matière d'embargo sur le viande britannique. Et ils en
déduiront qu'il aura suffi de renvoyer à ses études
le très cher Jean Glavany pour qu'un nouveau ministre de
l'Agriculture prît enfin la décision de bon sens qui
s'imposait : permettre aux fins connaisseurs de goûter à
nouveau dans les restaurants de luxe le pavé d'Angus ou l'entrecôte
de Hereford.
Il n'y avait aucun espoir pour que la FNSEA et celle de la Fédération
Nationale Bovine se réjouissent de l'évènement
: le ministre a dû passer outre à leurs objections.
Ils oublient probablement que, à l'opposé de ce qu'ils
essayent de nous faire croire, leurs adhérents ont plus à
bénéficier de l'exportation de viande bovine française
vers la Grande-Bretagne, dont les élevages bovin et ovin
ont été décimés par l'ESB et la fièvre
aphteuse et qui est, de ce fait, devenue importatrice de viande,
au moment où l'élevage bovin français est excédentaire,
bien que la baisse de 2% de la consommation de boeuf chez nous par
rapport à "l'avant-crise" puisse s'expliquer autrement
que par la peur des consommateurs : on oublie que les mesures actuellement
en place pour lutter contre une maladie improbable, le soit disant
variant de la MCJ, entraînent une dépense de 1 franc
du kilo de carcasse, soit 2 francs du kilo de viande désossée
et, compte tenu des coefficients apliqués par la profession
aux différents morceaux que le boucher débite, de
4 ou 5 francs au kilo de faux-filet ou de rumsteck...
Il est urgent de continuer dans la direction amorcée et
de ne pas attendre plus longtemps les atermoiements des experts
et des organismes officiels. Il faut à présent :
- arrêter le dépistage systématique des bovins
de moins de trois ans puisqu'il ne sert à rien, l'ESB ayant
une période "d'incubation" bien supérieure,
si tant est qu'elle en ait une puisque ce n'est probablement pas
une maladie infectieuse;
- arrêter de priver nos barbecues (et les gourmets) de T-Bones
et d'entrecôtes à l'os, dans le cas improbable où,
malgré toutes les précautions, quelques milligrammes
de moelle épinière se retrouveraient sur les aponévroses
recouvrant un muscle, que le boucher enlève avant de tailler
le roti ou le morceau de pot au feu destiné au hachoir;
- cesser d'interdire les farines animales dans les aliments pour
porcs, poulets, pondeuses, poissons, chiens et chats, parce que
ces espèces ne contractent pas l'ESB, qu'on n'a jusqu'ici
réussi à transmettre qu'à des bovins (et même
pas à leurs proches cousins, les moutons et les chèvres)
et à des souris (et peut-être à des animaux
encore plus exotiques) génétiquement modifiées,
au moyen d'injections intra-crânienne de milliers de doses
infestantes;
- et, même si cela paraît excessif dans le climat dans
lequel nous vivons présentement, cesser de ne pas permettre
aux mamans, qui ont décidé de ne pas nourrir au sein
pendant quelques semaines le bébé auquel elles ont
donné le jour, de remplir le biberon de leur nourisson avec
un lait maternisé contenant tous les acides gras indispensables
au développement de leur cerveau (et de leurs futures capacités
intellectuelles), acides gras qui ne se trouvent que dans les graisses
d'origine animale pour ceux que l'on connaît, et sans doute
dans la cervelle et la moelle épinière des animaux
domestiques pour ceux qui restent à découvrir.
Maurice Legoy
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