Extrait du rapport de
l'Agence anglaise de Sécurité des Aliments
FOOD STANDARTS AGENCY
Coûts de la prévention
Certains experts ont développé l'idée que toute dépense
faite dans le domaine de la prévention est justifiée pour sauver une vie,
en particulier quand il s'agit de la nouvelle forme de la Maladie de Creutzfeld-Jakob,
une affection particulièrement affligeante et fatale dans tous les cas,
qui se développe essentiellement chez de jeunes personnes.
Il reste que les ressources sont toujours limitées et que,
même quand elles sont disponibles, leur emploi dans un domaine déterminé,
comme par exemple la prévention de l'ESB, réduit le montant des resssources
disponibles pour d'autres affectations désirables, comme par exemple la
Santé et la Sécurité Sociale.
La disponibilité de personnel qualifié pour mettre en place
et en vigueur les contrôles est toujours un facteur limite, au moins à
court terme, en raison des délais nécessaires au recrutement et à la formation
du personnel nécessaire.
Il y a beaucoup de façons de répondre à l'existence d'une
telle relation. Mais elles sont toujours difficiles à appliquer dans un
domaine où la plus grande incertitude est de mise sur le risque possible
(c'est-à-dire le nombre de cas de nvMJC qui sera causé par un contact
antérieur et/où le nombre de cas qui seront prévenus par les mesures actuelles
mises en place). Les études effectuées sur la "Volonté du Public
de Payer" (VPP)pour prévenir un décès dans d'autres domaines donnent
à penser que les gens sont prêts à donner une valeut implicite aux dépenses
à engager pour protéger une personne d'une maladie donnée ou de la mort.
Cette valeur tend à varier, de sorte que la VPP est plus
forte pour
- les risques encourrus les consommateurs par rapport à
ceux encourrus par le personnel salarié;
- les enfants par rapport à la population en général;
- les maladies donnant lieu au dégoût ou à l'émotivité,
dues à des agents invisibles ou repoussants;
- des évènements qui touchent un nombre important de gens
en même temps;
-les agents responsables des maladies de "l'avenir".
De nombreuses études montrent que l'information est plus
facile à faire passer sur l'étendue du risque et l'importance du dommage
possible que dans le cas de l'ESB. Ces études montrent une VPP comprise
entre 1 à 3 millions de livres (10 à 30 millions de francs) par vie épargnée.
L'estimation du British Railways Board de Sécurité dans le contexte de
la Protection par l'automatisation des trains était estimé à 14 millions
de livres par vie épargnée en 1994. A l'époque, le projet fut écarté en
raison du contexte de leur politique d'estimation du coût d'une vie à
2 millions de livres, et il le fut encore lorsque ce coût fut élevé à
3/4millions de livres pour tenir compte du fait que les accidents ferroviaires
provoquent plusieurs morts à lafois et que ce fait les rendait moins acceptables
qu'une série de morts uniques, ce qui est le cas le plus souvent, des
accidents automobiles.
A la suite du crash de la Gare de Paddington, on considéra
que le coût de l'installation de l'automatisation des trains était à la
limite de l'acceptabilité par la société prise à présent dans son ensemble,
à cause du débat qui s'est institué sur l'efficacité de cette automatisation
dans la prévention des accidents dans l'avenir.
Une autre approche du problème est l'étude du coût prévisible
des règles mis en place pour limiter l'exposition du personnel à diverses
substances chimiques toxiques. Cette voie d'approche suggère qu'un chiffre
compris entre 1 et 10 millions de livres par vie épargnée est habituel
pour justifier la traduction des règles sous forme de législation.
Le coût direct des mesures destinées à la prévention de
l'ESB est estimé à environ 530 millions de livres. Le tableau n°3 résume
les montants dépensés à cet effet. Il convient d'y ajouter les coûts indirects
associés endurés par la filière (en rapport avec les incidences sur les
marchés) et le coût dela traçabilité, au moins en partie puisqu'elle n'est
pas seulement mise en place pour le contôle de la seule ESB. Il faut aussi
y ajouter le coût des recherches effectuées sur les encéphalites spongiformes
par les organismes financés par le Gouvernement. Encore qu'une partie
de ces dépenses puisse provenir de financements déjà prévus pour d'autres
recherches.
Il est peu probable que l'on puisse dégager un consensus
sur le montant "raisonnable" nécessaire à la prévention d'un
seul cas de nvMCJ. Il serait pourtant raisonnable de définir que ce montant
devrait se situer à la limite supérieure de ce qui est trouvé acceptable
dans d'autres contextes.
En conséquence,si la société ressentait qu'il serait raisonnable
de dépenser 10 millions de livres pour prévenir un seul cas de nvMCJ,
la dépense de 552 millions de livres par an serait justifiée dans l'hypothèse
où cette dépense permettrait la prévention de 55 cas de mortalité due
au nvMCJ. Cette discussion n'est pas evoquée pour suggérer un plafond
sur ce que la société es disposée à payer, mais elle est faite dans le
but d'illustrer le contexte dans lequel de telles décisions doivent être
prises. Nous ne ferons aucune proposition sur ce sujet, puisque le rapport
d'enquête sur l'ESB et nombre des experts que nous avons consultés ont
souligné qu'en fin de compte, c'est aux ministres de décider le montant
des sommes destinées à financer chaque domaine d'intervention.
A l'heure actuelle entre 10 et 20 cas de nvMCJ sont diagnostiqués
chaque année. Etant donné la longueur de la période "d'incubation",
la plupart des cas recencés aujourd'hui sont la conséquence de contaminations
qui ont eu lieu avant la mise en place des contôles à la fin des années
1980. Nous ignorons combien de cas de nvMCJ seront la conséquence des
contaminations jusqu'à maintenant. Nous ne savons pas non plus combien
de cas seront prévenus par les mesures de contrôle mises en place à l'heure
actuelle. Il est cependant probable que, sans la mise en place de ces
mesures, l'épidémie aurait continué à se développer et que de nombreuses
autres personnes eussent été exposées à l'agent infectieux. Ce qui eût
conduit en retour à des morts supplémentaires et à des dépenses plus importantes
pour notre service de santé. En raison de la diminution si importante
du nombre de cas d'ESB observés dans le Royaume-Uni, nous pouvons affirmer
aujourd'hui que, même sans les mesures actuelles de contrôle, l'exposition
à l'agent de l'ESB due à la chaîne alimentaire est probablement beaucoup
moins importante qu'elle ne l'était au moment où les cas qui se déclarent
à présent ont vraisemblablement été infectés.
En définitive, il y a des coûts sociaux significatifs, quoique
non quantifiés, provenant de l'ESB, y compris celui des souffrances des
victimes et de leurs familles, ainsi que ceux nécessités par les soins
et le traitement des personnes atteintes de cette triste maladie. Ce coût
du traitement a été estimé à 45.000 livres par patient, à partir du moment
où le diagnostic a été posé.
Quant aux bénéfices directs et indirects dérivés des mesures
de contrôle, ils sont réels, quoique bien plus difficiles à mesurer à
l'évidence. Le principal en est la protection du public de l'exposition
à l'agent de l'ESB. D'autre part, l'existence de ces contrôles peut convenablement
donner une assurance aux consommateurs, avec pour résultat une demande
accrue pour la viande et les produits à base de viande produits en Grande-Bretagne,
ce qui n'aurait pas été le cas sans cela.
Il faut enfin souligner l'incertitude considérable liée
à l'estimation des risques dus à l'exposition à l'agent de l'ESB à l'heure
présente et les incertitudes dans l'estimation des coûts des mesures de
contrôle. Il reste, à la lumière de ce qui est exposé ci-dessus, que la
dépense actuellement engagée ne semble pas déraisonnable.
M Legoy
L'INTERDICTION des FARINES?
Les porcs et volailles ont toujours été considérés comme
ne pouvant pas multiplier ni transmettre le prion de la vache folle. Les
consommateurs ont d'ailleurs démontré cette confiance en reportant une
partie de leurs achats carnés sur le porc. L'interdiction des farines
à ces monogastriques a été prise en raison des contaminations croisées
de bovins par de l'aliment destiné aux porcs ou volailles. Cette interdiction
était pourtant inutile si nos porcs et volailles ne recevaient que des
farines fabriquées aux normes françaises, c'est à dire sans MRS ni cadavres.
Or cette interdiction a l'effet prévu d'augmenter le coût
à la production de nos porcs et volailles, d'où un appel aux importations
de porcs et volailles.
Les producteurs s'inquiètent et font remarquer que l'on
va ainsi importer des porcs nourris avec de mauvaises farines, et veulent
protéger leurs débouchés en apportant une traçabilité française à leurs
produits, sensée contrer le différentiel de prix.
Le mécanisme de crise de confiance dans la viande porcine
est ainsi enclenché ! Alors que la raison d'interdiction des farines aux
porcs et volailles était de ne plus risquer de contaminer les bovins,
on est en train de faire passer le message que les porcs nourris au farines
sont impropres à la consommation ! Le logo VPF fera comprendre que seuls
les porcs nourris sans farine sont sains. Les personnes qui découvriront
que ce logo ne peut être apporté sur les charcuteries se détourneront
de la viande de porc.
Un des effets attendus de l'inutile et coûteuse interdiction
des farines sera-t-il d'étendre la crise "vache folle" aux productions
porcines et avicoles ?
Les premiers signes sont déjà là : la ville de Lyon a donne
le signal de départ. Même l'UFC Que Choisir, dans son communiqué rappelant
qu'ils ne souhaitent pas l'interdiction des farines, dit souhaiter "Interdire
en France les importations de farines animales et les viandes de porcs,
volailles et poissons des États membres qui ne retirent pas les matériaux
à risques et les cadavres d'animaux dans leurs procédés de fabrication
des farines animales".
Les dés sont jetés. Comprenne qui pourra ...
PROBLEMES QUE CELA POSE...
-----Message d'origine-----
De : rivet/vincent <chaume@worldonline.fr>
À : esb@saphir.jouy.inra.fr
<esb@saphir.jouy.inra.fr>
Date : mardi 14 novembre 2000
16:53
Objet : [liste esb] interdiction
farines animales : consequences?/position Confederation paysanne
L'interdiction des farines animales
dans l'alimentation soulève 3 problèmes évoques dans la liste:
- leur devenir dans l'environnement
- leur coût
- leur remplacement dans les aliments du bétail
Sur le premier, ce problème ne fait
que grossir celui de l'équarrissage sur lequel nous alerte Annie Leroy.
Comment est calculé le chiffre de
5 Milliards communément annoncé pour le remplacement des farines (cf document
FNGDS)? (soit + de 10F le kg de FOA)?
Sur le remplacement des farines animales
dans l'alimentation des porcs et volailles, au
plan technique, il est bien évidemment possible : en bio ces aliments
n'ont jamais contenu de FOA. C'est aussi le cas dans de nombreuses filières
"qualité" et ce depuis longtemps. Le principal obstacle demeure les restrictions a la mise en oeuvre
d'une politique agricole indépendante imposées par l'OMC. La production
de protéines végétales sur notre sol implique un bras de fer avec les
USA et le groupe de Cairns. Du moins si on ne veut pas importer de soja
OGM
Si mes souvenirs sont bons, les accords
internationaux (dits du GATT) ne limitent pas les importations, mais au
contraire les obligent (dans des proportions variables): nous devons donc
importer y compris dans des productions excédentaires au niveau européen
(d'ou la bataille autour des importations de boeuf aux hormones des USA).
L'UE a aussi négocié dans ce cadre
une auto-limitation des surfaces consacrées aux (oleo)protéagineux pour
maintenir les aides a ses agriculteurs (= accords de Blair House) . C'est
pourquoi toute politique incitative à la production de protéines végétales
sur notre sol implique une remise en cause de ces accords.
Par ailleurs la situation de libre
circulation dans la zone UE pose inévitablement des problèmes d'harmonisation
des régles au plan européen.
Par ailleurs comme il semble que
je sois la seule syndicaliste de la Confédération Paysanne sur la liste,
j'ajoute (comme d'autres colistiers le font pour la Fédé, François!) ci-dessous
un résumé de ses positions sur l'interdiction des farines animales:
- interdiction totale demandée en
l'état actuel des choses, tant que les mesures suivantes ne sont
pas appliquees (càd controlées):
* séparation des filières d'equarissage
et celles du traitement des déchets présumés sains (installations separées)
* traitement thermique des déchets
* separation de la fabrication et
de la distribution d'aliments pouvant contenir des FOA et des autres chez
les fabricants
- interdiction d'utilisation des
graisses animales dans aliments d'allaitements "herbivores"
- obligation d'information complète
(et suivi=conseil) des fabricants sur l'origine et la composition des
aliments livrés aux éleveurs, en particulier sur l' interdiction d'utilisation
pour d'autres espèces.
Sa 1°demande d'interdiction des foa
date d'avril 96
Site de la Conf' www.confederationpaysanne.fr
Michelle Rivet, paysanne (élevage de moutons) dans le Cher.
|